La copie de documents manuscrits
La copie manuscrite
La conservation fait face à de nombreux problèmes comme ceux de l’environnement et des conditions de stockage, mais aussi celui de la consultation. En effet les documents conservés doivent pouvoir être consultés.
La restauration n’est pas toujours possible, un document manuscrit effacé ne peut généralement pas être restauré. Il faut donc trouver des solutions pour rendre consultables ces documents.
La copie peut donc être cette solution : sans aucun risque pour l’original elle permet de restituer le document au public. À condition bien sûr que cette copie soit fidèle à plusieurs niveaux : aspects esthétiques, paléographiques, matériels et techniques. C’est pourquoi, depuis plus de quinze ans, nous nous attachons à étudier les documents manuscrits afin de proposer aux services d’archives des copies aussi satisfaisantes que possible.
La copie d’un document manuscrit passe par plusieurs étapes :
- le choix du support : parchemin ou papier, il nous arrive parfois d’utiliser des matériaux anciens (récupération), mais généralement il s’agit de matériaux neufs que nous traitons afin de restituer une vraisemblance esthétique (patine, teinture, abrasion...) sans pour autant chercher à vieillir prématurément le support (ce qui, de toutes façons, rend malaisée l’écriture) ;
- l’analyse des constituants matériels (encres, couleurs) : si nous avons souvent à copier des documents aux encres ferriques, la couleur de ces encres, dépendante du vieillissement de ces dernières, nécessite une approche parfois différente. Par exemple, pour un document manuscrit à l’encre pâlie nous utilisons des colorants tanniques sans apport ferrique (extraits de sumac). L’imitation des tampons se fait avec des aquarelles, et les couleurs de type vermillon sont restituées ;
- l’analyse du ductus (formation des lettres) et des outils employés par le scribe (type de plume, taille etc) : il est impossible de ne pas tenir compte du ductus lors d’une copie, c’est l’étape indispensable à une bonne copie. Une fois l’analyse effectuée il est possible d’écrire le texte sans avoir à imiter la tâche visible (la lettre), en cumulant ductus, encre et plume nous obtenons un résultat similaire. La taille de la plume est également très importante, nous ne pouvons en effet pas copier un document avec des plumes modernes métalliques, nous utilisons des plumes d’oiseaux que nous taillons à la largeur voulue. Le trait laissé par une plume métallique est d’ailleurs très différent de celui laissé par une plume d’oiseau ;
- la prise de côtes : nous ne faisons pas de calque ou d’autre méthodes de reproduction, nous utilisons une copie numérique pour calculer l’emplacement des différentes parties du document puis reportons les côtes sur le modèle marges/interlignes. La restitution des particularités techniques suffit à retrouver les bonnes mesures ;
- la transcription du texte : nous ne cherchons pas à corriger d’éventuelles fautes (nous les restituons), mais tâchons d’être sûrs du contenu afin de restituer fidèlement le document pour que le lecteur ait autant d’informations que sur l’original. Ce travail peut être fait avec l’aide d’un historien des langues, mais nous préférons restituer les doutes que celui-ci pourrait avoir, le but étant que la copie fournisse les même éléments au lecteur, qui pourra faire les même déductions linguistiques qu’avec l’original ;
- l’élaboration des outils et des encres : nous essayons de créer une encre fidèle au ton, lors de la copie nous appliquons dans un premier temps le ton le plus bas (clair) puis nous rehaussons les parties plus foncées. Une trace d’encre est double : il y a la teinture du support, généralement claire, puis la croute oxydée de surface (en relief) qui est souvent lacunaire. Nous restituons donc une imitation de ce résidu, visuellement cela donne la même impression mais nous évitons les problèmes liés au dépôt superficiel ;
- la copie manuscrite se fait à la main : s’il s’agit d’un texte court, calligraphié, nous sommes très précis, s’il s’agit d’un texte plus long, écrit sans recherche calligraphique, nous sommes plus attachés à l’aspect général, nous écrivons en conservant l’esprit du scribe : appliqué ou pressé etc ;
- la restitution des à côtés : marques de lecture, annotations, tampons (peints à la main) etc ;
- la restitution de la forme physique du document : lacunes, déformations, déchirures. Soit par découpe, lorsque c’est possible et sans risque, soir par retouche illusionniste (ombrage...). Nous ne restituons pas toutes les marques, seulement les plus importantes car elles font parties de l’aspect général du document ;
- la patine : avec des poudres colorées (terres), voire des cires ou autre colorant.
Nos clients
Nous travaillons pour des commanditaires publics et privés, sur support papier, parchemin ou encore papyrus.
- Musée des beaux-art de Valence : copie d’un inventaire sous forme d’une liasse reliée et d’un document sur parchemin avec sceau en cire ;
- Archives départementales de la Creuse : copie d’une charte (XIIIe siècle) et d’un document notarié sur parchemin.
À l’occasion d’expositions :
- copies de deux pages manuscrites grecques (XVIIe siècle) pour une exposition sur les écritures en Belgique ;
- copies de documents manuscrits (XVe siècle) pour les Journées du Patrimoine de 1998 pour les archives communales d’Arles.
Pour des particuliers :
- copie d’une lettre disparue, seule une copie machine existant encore ;
- création d’un pendant à un premier panneau existant, restitution du texte manquant.
Ou pour étude :
- copie partielle de documents manuscrits (XIIIe & XVe siècles) en vue d’ateliers didactiques (observation des étapes de réalisation d’un manuscrit de type monastique).