Les résines et mediums naturels
Les résines
En vue d’un classement pratique nous distinguerons d’abord trois types de résines : les résines à proprement parler (mastic, dammar, copal etc.), les oléorésines (forte proportion d’huiles essentielles : térébenthines, balsams etc.) et les gomme-résines qui, comme leur nom l’indique, inclues dans leur structure des dérivés glucosiques, ou gommes. Les résines pures peuvent être décrites en deux parties puisque certaines sont fossilisées (en tout ou partie) tandis que d’autres sont récoltées fraîches.
Les résines sont des composés insolubles à l’eau mais solubles dans des hydrocarbures, des alcools ou des huiles. Elles sont inflammables et généralement odoriférantes (présence des terpènes), leur aspect varie du liquide épais et sirupeux (les baumes ou balsams) au bloc solide (l’ambre ou la dammar ). Leur couleur varie du translucide blanc au noir presque opaque .
A1. La colophane
Synonymes : galipot, barras, arcanson
Origine : les pins et, pour l’industrie, majoritairement le pin maritime (en France et aux Etats-Unis)
Description : La colophane se rencontre sur les troncs des pins (le galipot), elle est très odoriférante et adhésive mais aussi parfois très colorée. En réalité cette colophane est le résultat de l’évaporation des huiles essentielles de la térébenthine, véritable constituant de la résine du pin. Car la colophane est un composé de la térébenthine dans laquelle elle est solubilisée par l ‘essence de térébenthine : on peut l’obtenir en laissant évaporer cette dernière. Cependant elle est plutôt vue par les industriels comme un résidu de la distillation de la térébenthine (l’arcanson). On peut également obtenir la colophane par traitement direct du bois avec un solvant terpénique : c’est ce que l’on appelle le goudron de bois ou poix végétale. Cette colophane, particulièrement riche en acides gras insaturés, est moins stable que celle que l’on obtient par un procédé naturel .On y trouve jusqu’à 90% d’acides résiniques.
A2.La gomme mastic
Synonymes : mastic
Origine : Pistachier lentisque ( pistacia lentiscus ou p.atlantica )- méditerranée, îles Canaries, Maroc, Grèce
Description : La gomme mastic se nomme ainsi car elle a la particularité de se rendre élastique lorsqu’on la mâche, c’est l’origine de nos gommes à macher. C’est une résine tendre légèrement parfumée. Elle se présente sous la forme de « larmes » jaune pâle et presque opaque. On en trouve encore chez certains marchands d’épices ou d’encens.
L’aspect doux et opaque de la mastic s’explique par la présence de cires. Celles-ci sont contenues en assez grandes quantités ( 30 % ) et le film formé par un vernis de mastic brute en est fragilisé.
Notons ici que la mastic ne se dissout pas dans les essences de pétrole ( white-spirit ).
A3.La Dammar
Synonymes : elle fut pendant un certain temps assimilées aux copals .
Origine : dipterocarpus ; aux Indes, Malaisie, Indonésie, Philippines, Nouvelle-Zélande etc.
Description : La résine dammar se présente sous la forme de blocs ou de poudre, selon la catégorie, friable, adhésive, translucide et blanche. Contrairement à la mastic elle ne fond pas doucement sous la flamme mais brûle en projetant des éclats. Elle contient moins de cires ( 15 à 20 % ) et le film formé est solide.
La dammar contient peu d’acides ( acide dammarolique ) et reste suffisamment stable pour être un bon vernis final. De plus elle est facilement solubilisée et d’un usage pratique.
A4.La sandaraque
Synonymes : bérénice, gomme de genèvrier
Origine : plusieurs variétés : callitris quadrivalvis, c.columellaris, tetraclinis articulata, les cyprès : juniperus communis, j.phoenica, j.thurifera ; on la trouve plus communément sur le pourtour méditérranéen, mais aussi en Australie.
Description : La résine sandaraque est une résine dure, composée d’esters d’acides benzoïques de résinotannols à 60 % et de résènes (13 %). Cette structure en fait une résine stable et solide, seulement le film est très dur et rigide et elle constitue un vernis impropre aux peintures sur supports souples.
La sandaraque se solubilise dans l’essence de térébenthine mais on doit au préalable la fondre. Les vernis à l’alcool sont moins solides et deviennent farineux et blanchâtres. On notera également que ce film à tendance à s’assombrir avec le temps : on réservera la sandaraque à des usages bien spécifiques.
A5.Les copals
Synonymes : courbarils, gomme locust, anime
Origines : le terme de copals désigne un grand nombre de résines exotiques dures et souvent fossilisées : les deux principales espèces végétales rencontrés sont les agathis ( ag.dammara, ag.alba (lam) Foxw, ag.australis ) que l’on trouve en Nouvelle-Zélande, aux Philippines, à Calcutta ou Zanzibar. L’autre espèce est copaifera ( c.demeusi Harms, c.guibourtiana ) présente au Mozambique ou en Sierra Léone. La résine anime ( Zanzibar ) est extraite de trachylobium verrucosum Oliv.
Cependant nombre de copals sont récoltés sous terre où elles sont conservées depuis fort longtemps.
Description : Les copals sont donc très nombreuses et leurs propriétés diffèrent sensiblement selon la variété considérée. Le premier critère de distinction est leur caractère fossile : celles-ci sont des résines dures insolubles en condition normales. Mais certaines copals sont en revanche plutôt souples ; voici une énumération partant des plus souples pour finir par les plus dures :
copal de Manille ;
copal Kauri ;
copal du Congo ;
copal de Sierra Léone ;
copal de Benguela ;
copal d’Angola ;
copal de Madagascar ;
copal Demerara ;
copal de Zanzibar .
Les variétés fraîches se solubilisent dans le diacétone alcool et les films produits sont doux et souples, cependant, pour la plupart des copals, leur solubilité passe souvent par une pyrolise ( opération qui consiste à fondre la résine avant de la mêler à l’huile ).
Les copals se composent de terpènes neutres et non oxydés, les films sont donc stables, en revanche leur propriétés physiques font de certaines copals des matériaux difficilement manipulables produisant des vernis épais et bien trop durs. Les copals les plus usitées sont la copal de Manille (vernis doux et souple ), la copal Kauri ( film dur très stable ), la copal de Zanzibar (film très dur et stable ), et celle de Sierra Léone ( film élastique de bonne tenue ).
Les copals contiennent jusqu’à 25% d’huiles essentielles que l’on nomme huile de copal. Cette huile est un bon solvant des copal, elle est produite lors de la pyrolise et c’est son action qui favorise la dissolution de la résine.
En termes historiques, il faudra noter que sous le terme de copal on regroupait autrefois des résines variées dont la résine dammar par exemple. De plus elle fut souvent confondu avec l’ambre et bon nombre de recettes à base d’ambre sont en réalité des recettes à base de copals. De nos jours c’est le matériau naturel le plus usité par les industriels pour la confection de vernis à l’alcool.
A6.L’ambre
Synonymes : succin, ambre jaune, carabé
Origine : fossile, l’ambre fut produit lors du crétacé et du pléïstocène ; on en trouve autour de la mer Baltique, en France, en Angleterre et en Sicile
Description : Les ambres sont des résines fossiles, donc insolubles, dont on distingue plusieurs variétés. Celle qui nous intéresse est l’ambre jaune, dit succin, qui est composée de dérivés succiniques. Ces dérivés sont révélés lors de la pyrolise, nécessaire avec l’ambre, qui favorise la dispersion oléagénique du succin.
Cependant il ne faut pas oublier que l’ambre est un très mauvais siccatif et les films d’ambre pure sont visqueux, sombres et ne durcissent pratiquement pas. L’utilisation de l’ambre réside dans la composition de vernis mixtes, avec l’utilisation de copals ou de sandaraque par exemple auxquels elle confère un caractère émaillé.
B.Les oléo-résines
B1. Les baumes et balsams
Baume du Pérou
Origine : toluifera pereirae
Propriétés : antiseptique, parasiticide, solvant
Canada balsam
Origine : abies balsamea Mill
Baume de Tolu
Origine : toluifera balsamum, Mexique
Composés : acides balsamiques, 50 %
Baume de Copaiba
Origine : copafera lansdorfii
Le benzoin
Synonyme : styrax
Origine : styrax benzoin, Asie : Siam, Sumatra, Indonéie, Thaïlande, Cambodge
Composés : acides benzoïques, acide cinnamique, esters d’acides gras, vanilline ( 1% )
B2. Les térébenthines
La térébenthine de Venise
Synonyme : laryx
Origine : laryx decidua et al. (mélèzes)
Composés : colophane ( 15 % ), acides résiniques ( 55-60 % ), essence de térébenthine ( 20 % ).Terpènes : abiétadiène, pimaradiène, manool, larixyl.
La térébenthine de Strasbourg
Origine : abies excelsia link, ab. Pectinata DC, Alpes vosgiennes, Tyroll
Composés : colophane ( 10 % ), acides résiniques ( 60 % ), essence de térébenthine ( 30 % ). Terpènes : abiétadiène, pimaradiène, abiénol.
La térébenthine gemme
Synonymes : térébenthine de Bordeaux ou du Jura, térébenthine de pin, colophane de Burgundi
Origine : picea maritima, p. vulgaris
Composés : colophane ( 70 % ), acides résiniques ( 5-10 % ), essence de térébenthine ( 20-25 % ). Terpènes : abiétadiènes ( acide abiétique et dehydroabiétique ), pimaradiène, thunbergène.
Caractéristiques des térébenthines
Les térébenthines sont des oléo-résines souples de dureté 4 avec un indice acide de 130 et une longueur d’onde I.R. de 1.47. Leur point de fusion se trouve entre 150 et 180°C et elles sont solubles dans nombre d’hydrocarbures dont bien sur l’essence de térébenthine.
La térébenthine de pin est choisit pour l’obtention de la colophane, plastifiant, tandis que celle de mélèze fait un bon médium. La térébenthine de sapin joue un rôle intermédiaire.
C. Les gommes-résines
C1.La gomme gutte
Synonyme : gambodge
Origine : garcinia hamburyi, Cambodge, Ceylan
Composition : résine jaune ( 80 % ), gommes ( 19 % ).
Solvants : alcool
Utilisation : colorant
C2.Le sang-dragon
Origine : calamus draco, Asie, indes, Sumatra
Composés : résine rouge ( 55 % ), résine jaune ( dracorésène, 15 % ), résine blanche ( dracoalbane, 8 % ).
Solvants : alcool, essences
Utilisation : colorant
C3.La myrrhe
Origine : commiphoreae
Composition : un tiers de résine
Solvants : eau et alcool
Utilisations : antiseptique, parfum
C4.L’oliban
Origine : boswella, Indes.
Caractéristique : similaires à la myrrhe.
Utilisations : antiseptique, parfum
C5.La gomme-lac
Origine : la gomme-lac est produite par la femelle d’un insecte, en réalité plusieurs insectes : coccus lacca, tacchardia lacca et laccifer lacca. Ces espèces se rencontrent sur les arbres butea frondosa Roxb, et ficus religiosa Linn que l’on trouve aux Indes, au Cambodge et au Laos.
Point de fusion : 110-150
Indice acide : 70
I.R. : 1.51
Composition : résine ( cédrène, acide aleuritique, esters d’acides gras et sesquiterpènes ( acide di hydroxyficocerylique ) à auteur de 74 % ), colorants ( lac, 6.5 % ), cires ( 6 % ), eau ( 3.5 % ).
Solvants : alcool, solutions alcalines
Utilisations : la gomme-lac peut devenir un vernis mais fournit également un colorant ( la lac ).